jeudi, août 18, 2005

De Kidnapping en Kidnapping

C'est donc sans surprise que j'ai découvert mon nom dans la liste baptisée "kidnapping" (écrit phonétiquement Ankiri - AFP) publiée dans le livre de Jean-Marie Pontaut et Jérôme Dupuis ("Les oreilles du Président") en 1996 chez Fayard. Gilles Ménage, un proche de Mitterrand, avait mis en place à l'Elysée une "cellule" chargée d'écouter tous ceux qui échangeaient des coups de fil avec Jean-Edern, ou que celui-ci appelait. Cela faisait beaucoup de monde ! Et cela donne une liste de noms assez hilarante, puisque y figure jusqu'à la femme... de ménage ! Pourquoi "Kidnapping" ? Simplement en rappel du faux kidnapping organisé par Jean-Edern sur sa propre personne. Après avoir disparu pendant plusieurs jours, on l'avait vu surgir un matin en criant, avec forces détails "J'ai été kidnappé !". Je dis "faux" mais je n'en suis pas absolument certain. Je n'ai jamais été son intime, et je ne l'ai jamais interrogé à ce propos, sachant qu'il avait une telle soif de "médiatisation" et suffisamment d'imagination pour attirer sur lui... les fameuses caméras. Il m'avait dit "Gabriel, si tu ne passes pas à la télé, tu es mort", comme pour se justifier devant moi, et il m'avait cité l'exemple de ce "fou" qui avait assassiné René Bousquet, l'ami de Mitterrand, simplement par "délire médiatique". Je savais qu'il avait raison, et peu m'importait, somme toute, de la réalité ou non de son "kidnapping". Cela faisait partie des nouvelles règles de la "société du spectacle". D'autre part, ayant découvert depuis qu'il avait été victime d'une véritable "chasse à l'homme" planifiée par certains membres de l'entourage de Mitterrand, qui en étaient venus à le haïr, je me demande si certains d'entre eux n'avaient pas voulu lui "donner une leçon", en tout cas lui montrer qu'ils pouvaient aller jusqu'au bout s'il s'obstinait à vouloir publier "L'honneur perdu de François Mitterrand"...
En vérité, je n'ai jamais été qu'un "correspondant" plutôt marginal, mais je crois que nos rencontres, assez rares finalement, étaient "différentes", chargées de réminiscences bretonnes. "Viens me voir à Edern, me disait-il, tu verras on y sera bien". Edern, cela faisait rêver. A l'Est d'Edern !
J'ai tenu à le rencontrer, une dernière fois, il reposait sur un catafalque aménagé dans une grande pièce de l'appartement de son frère, Avenue de la Grande Armée. Omar Foitih, le fidèle des fidèles, était là, il m'a embrassé, et j'en fus un peu surpris, mais lui savait quels liens étranges et précieux nous avaient réunis, à l'écart ou à l'insu des autres. Je suis sûr qu'un jour Omar nous donnera un livre de souvenirs qui nous fera, peut-être, découvrir un autre Jean-Edern...
Plus tard, en 1999, je me suis mis à écrire une autobiographie "romancée", un autofiction comme on dit. Et c'est naturellement en pensant à lui que je lui ai donné pour titre :"Kidnapping... entre Saint-Caradec et l'Elysée".

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