mercredi, août 17, 2005

Jean-Edern contre Mitterrand (2)

La seconde fois où nous nous retrouvâmes Jean-Edern et moi, c'est en pleine affaire "des écoutes", en 1985. Il venait parfois au service politique de l'Agence France Presse apporter un communiqué, et nous nous rencontrions dans le hall, en face du "courrier-départ", où je travaillais. Je lui avais expédié un manuscrit violemment anti-Mitterrand intitulé "Le Prince de la Magouille", en lui demandant de le préfacer ! "Je ne sais pas si c'est une bonne idée, me dit-il, ne crois pas qu'une Préface de moi t'aidera à trouver un éditeur, j'ai moi-même un manuscrit que je n'arrive pas à publier, tous les éditeurs me le retournent ! Ils sont paniqués..."
Jean-Edern, comme moi et bien d'autres, avait voté Mitterrand en 1981. Mais lui, par son culot et ses grandes ambitions politiques, était parvenu à intégrer le "premier cercle" du futur Président de la République. Une fois élu, celui-ci l'avait reçu à l'Elysée, et ailleurs. Jean-Edern crut son heure venue : il se voyait Ministre de la Culture, et c'est Jack Lang qui hérita du prestigieux Ministère ! Jean-Edern tomba de haut, et son dépit se mua, assez rapidement, en une profonde aversion pour Mitterrand - d'autant que Jack Lang, en bon Ministre de la République, s'octroyait un superbe appartement, Place des Vosges, là où il trônait depuis des lustres dans l'appartement familial que lui avait laissé son père.
Ayant été témoin des turpitudes et des compromissions dans l'entourage rapproché, et même confidentiel, du Président de la République, il éprouva une véritable jouissance à l'idée qu'il pourrait tout déballer dans un livre-choc qui ferait tomber le Président. N'était-ce pas deux journalistes du Washington Post, Robert Woodward et Carl Bernstein, qui avaient contraint Richard Nixon à démissionner ? Il serait à lui seul, avec son Idiot international, les Woodward et Bernstein français ! (à suivre)

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