mercredi, août 17, 2005

Jean-Edern versus Mitterrand (3)

L'étincelle est venue... non loin de la Place des Vosges ! Jean-Edern m'a raconté qu'un jour une institutrice (ou était-ce la directrice de l'école ?) lui a révélé qu'une de ses (très jeune) élève répondait à la question "Que fait ton papa ?" - Il est Président de la République. Et elle ne voulait pas en démordre. Et voilà comment Jean-Edern (qui avait lui aussi une fille adultérine) découvrit l'existence de Mazarine ! Il est certain qu'il le fit savoir, et les élections législatives (de 1986) approchant, sur de mauvais sondages pour le gouvernement socialiste, François Mitterrand et son entourage s'affolèrent, apprenant que Jean-Edern tentait par tous les moyens de faire éditer son livre "L'honneur perdu de François Mitterrand". C'est alors que l'Elysée mit en place une "cellule", placée sous la direction d'un certain Ménage, chargée d'écouter Jean-Edern qui téléphonait beaucoup, à de nombreux journalistes, comme à ses amis. Dans ce climat très étrange, particulièrement "fliqué", je doutais qu'il eut pris le temps de lire mon manuscrit, et pourtant il m'appela pour me dire qu'il avait rédigé sa préface ! J'accourus Place des Vosges et là, après l'avoir lue - une préface dithyrambique, excessive en tout cas, qui ne me surprit point, étant habitué à l'emphase naturelle de Jean-Edern - il me montra son manuscrit que tous les éditeurs retournaient, parfois sans même le lire ! Il est vrai que déjà la "police" lui courait après, et que les pressions se faisaient vives auprès des imprimeurs pour qu'ils cessent d'imprimer l'Idiot international. Il me parla bien sûr de Mazarine Pingeot, et je lui répondis que je n'appréciais pas outre mesure ce genre d'argurment, que la critique de Mitterrand devait rester politique. - Pas du tout ! me répondit-il avec force, il ment sur tout, sur sa vie privée comme sur sa vie politique, sa fausse résistance, sa francisque, son faux attentat etc. Il faut le démasquer, c'est un menteur professionnel ! Et puis, ils ont passé un contrat sur moi, ils ont déjà tenté de m'assassiner, je ne peux pas sortir de chez moi sans être suivi... Ça n'est plus supportable !
J'avoue que j'ai cru à ce moment-là qu'il "avait pété les plombs", qu'il divaguait. Comment l'Elysée pouvait-il avoir commandité son assassinat ? Ça n'est que bien plus tard, après la mort de Mitterrand, et la publication de son livre, que je me rendis à l'évidence : Jean-Edern était bien devenu une cible et que certains n'avaient pas hésité à envisager son élimination pure et simple.
Ce soir-là il me fit une proposition tout simplement extraordinaire : tous les deux, on irait, encapuchonnés comme des moines, brûler nos deux manuscrits... devant l'Elysée. Naturellement, les journalistes amis seraient alertés. Mais enfin, lui dis-je, on ne pourra pas approcher de l'Elysée : les flics nous embarqueront illico presto ! - On choisira notre heure, crois-moi on peut le faire, et ça sera très médiatisé, tu imagines ? Je refusai bêtement; j'avais gardé de mon syndicalisme une croyance dans "l'action collective", et ce qu'il me proposait relevait plus de la "société du spectacle" que de l'action syndicale. Je le lui dis et il me répondit "que j'avais tort". - Si tu ne passes pas à la télé, tu es mort ! C'est vrai, Jean-Edern, c'est toi qui avais raison, je n'en doute plus aujourd'hui... (à suivre)

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