mardi, septembre 27, 2005

De l'Affaire Dreyfus à la Déclaration Balfour

Si le procès Dreyfus a lieu fin 1894 (condamnation du capitaine), l'Affaire ne devient une affaire politique qu'en 1897. Son frère, Matthieu, se décide à démontrer l'innocence de son aîné, en liaison avec un journaliste juif, de tendance " libertaire", Bernard Lazare. L'Affaire, nous dit-on, conduisit celui-ci au "sionisme" (fondé en 1897 par Herzl à Bâle, en Suisse). On comprend que les "revanchards" (ceux qui pensent à l'Alsace-Lorraine) n'ont aucune envie d'accabler l'Etat-Major alors qu'en face, en Allemagne, on allonge le service militaire (sept ans !) et l'on vote les crédits militaires à tour de bras. Et pourtant, c'est dans ce combat pour la réhabilitation de Dreyfus que voit le jour la "Ligue des Droits de l'Homme" qu'on appellera bientôt le "parti intellectuel". Or, jusque là les partis socialistes sont restés à l'écart de l'Affaire, y compris Jaurès. Mais, très vite, la bataille se fait anti-cléricale, et la "gauche" radicale (franc-maçonnique) se ralllie. En 1898, Jaurès est battu aux élections, et le journal de Clémenceau, l'Aurore, est en pleine déconfiture financière (compromis dans le scandale de Panama, battu aux élections de 1893, Clémenceau est donné comme "mort" politiquement). Constatons qu'il s'engage dès lors à fond, avec Jaurès, dans le combat en faveur de Dreyfus. On peut raisonnablement supposer que nous entrons là dans l'ère du "financement des partis socialistes" - Matthieu Dreyfus disposant d'un certain pactole. Il faut de l'argent pour mener les campagnes législatives, de plus en plus coûteuses, et renflouer un journal déficitaire. En ce temps-là, les patrons et les banques ne finançaient pas les partis "socialistes" ouvertement anti-capitalistes ! Bref, la situation des deux hommes se redresse, et le parti "intellectuel" supplante progressivement le parti socialiste.
En Angleterre, parallèlement, les sionistes font pression sur le gouvernement, notamment Chaïm Weizmann qui veut "offrir" la Palestine à sa nouvelle patrie tandis que Londres s'y refuse obstinément préférant s'en tenir à un "foyer national" en 'Ouganda, qu'Herzl avait accepté, et que toute la "gentry" juive d'Outre-Manche soutient.
Comme on le voit, au tournant du siècle, les communautés juives, bien que dispersées ou peut-être parce qu'elles sont dispersées, sont en pleine effervescence. Elles prennent conscience de leur puissance, et il est certain que le "sionisme" et le "communisme" vont triompher en 1917 avec les deux grandes puissances impérialistes : la Grande-Bretagne et la Russie soviétique. Mais il ne s'agit que d'une première manche. La seconde se jouera en 1939...

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