dimanche, octobre 02, 2005

L'OUGANDA : LA PREUVE PAR 9 ! (2)

En état de banqueroute, à la tête d'un Empire miné de l'intérieur par les revendications nationalistes, le Sultan de Constantinople était tenté de dire OUI à Herzl, moyennant finance. Mais il était également le "chef de l'Islam" (le Calife) et les Arabes avaient commencé de s'agiter, rêvant d'une "Grande Syrie" indépendante. A l'idée de vendre la "terre sainte" aux Arabes comme aux Chrétiens, qui plus est à des Juifs, il en faisait des cauchemars ! Sagement, il renonça au magot que lui promettait Herzl. C'est alors que l'Angleterre, en alerte devant les ambitions allemandes, se présenta...
Le ministre des Colonies, Joseph Chamberlain, aux prises avec la dissidence des Boers en Afrique, qui venait d'être matée, mais à quel prix !, assailli par Sir Cecil Rhodes, l'homme de l'impérialisme britannique en Afrique, qui ne cessait de lui demander et des armes et des contingents de soldats, après concertation avec lui, ou peut-être même sur sa suggestion (Rhodes a reçu Herzl), proposa à Herzl une "terre sans peuple" entre le Lac Victoria et le Lac Albert, qui bénéficierait de la protection britannique dans le cadre de sa domination en Afrique orientale, rendant ainsi possible la construction (le rêve de Rhodes !) d'une ligne de chemin de fer reliant le Cap au Caire, et dont les Juifs installés au coeur de l'Afrique, deviendraient les "sentinelles" ! Herzl fut enthousiasmé : l'entreprise était réalisable immédiatement ! Et les Juifs, qui émigraient nombreux en Afrique du Sud en cette fin de siècle, où ils roulaient sur l'or (et brassaient les diamants que d'autres Juifs, à Anvers, travaillaient au plus fin) assureraient à cet Etat, merveilleusement situé entre le Soudan... et les Etats boers, désormais pris en sandwich, un splendide avenir dans le cadre de l'Empire britannique.
Qu'on le veuille ou non, Herzl a pensé et conçu son projet avec les plus grands impérialistes de son temps et les plus antisémites (Joseph Chamberlain a horreur des Juifs !). Pis encore : il accepte de recevoir cette terre africaine... qu'il va falloir vider de ses habitants ! Monsieur veut une terre peuplée uniquement de juifs ! S'il accepte d'autres populations au sein de l'Etat, il n'y aura pas d'Etat juif bien évidemment. (En Israël aujourd'hui vivent plus d'un million d'Arabes : il n'est pas sûr qu'ils y restent encore longtemps ! N'est-ce pas contraire à "l'idéal" sioniste ?).
En outre, la "trahison" d'Herzl - il lâche l'Empire allemand pour l'Empire britannique - place tous les Juifs d'Europe centrale et de l'Est dans une position insupportable : les voici, par la grâce de Théodor, transformés en "agents de l'impérialisme britannique" - à la veille d'une guerre qui s'annonce en Europe même ! Au Congrès de Bâle, en 1903, le 6e, Herzl est reçu comme un "traître" par les congressistes russo-allemands. Ils le conspuent et l'injurient ! Chaïm Weizmann, cet industriel juif qui lui a choisi l'Angleterre (il s'est installé à Manchester) vote contre l'Ouganda en expliquant à son ami Théodor, abattu et livide : "Je suis convaincu que c'est l'Angleterre qui nous aidera à réaliser notre projet, mais ça sera en Palestine, et non en Ouganda, mon cher". Herzl mourra l'année suivante, de chagrin et de honte sans doute (il a échoué et est rejeté... par les "Amants de Sion" !)
Colonialisme, impérialisme, Argent, sont bien les géniteurs de l'entreprise sioniste... Qui dira le contraire ?

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