samedi, avril 15, 2006

LA "FUREUR" BRETONNE (1)

Je pense avoir compris les motivations du mouvement "anti-CPE" qui vient de secouer la France - après l'intifada des banlieues. Le fait qu'il soit parti de Bretagne - Rennes et Nantes - éclaire la genèse d'une mobilisation qui a surpris par son ampleur et sa durée. La Bretagne, on le sait, n'est pas une région industrielle : elle dépend, dans une large mesure, du secteur public. C'est lui qui distribue les emplois, et c'est pourquoi les Bretons sont tellement attachés au "secteur public". Or celui-ci, depuis quelques années, se sent menacé par la privatisation; les emplois se raréfient. Mais l'Education Nationale demeurait "intouchable", l'enseignement reste le vecteur de "l'ascenseur social" en Bretagne. Et plus que dans les autres régions, sans doute pour des raisons historiques (rivalité entre écoles "privées" et laïques) les lycées et les Facs restent d'un bon niveau; chaque année les résultats au bac en témoignent. Les parents poussent leurs enfants à faire des études : ils deviendront à leur tour professeurs ou instits, à défaut, ils rejoindront les grandes entreprises publiques. Aux dernières élections régionales, la Bretagne s'est donnée aux enseignants; il y avait là déjà un rejet du privé et du libéralisme. Le Drian, Président de Région, et Ayrault, Président du groupe socialiste à l'Assemblée, incarnent parfaitement le "rêve" breton; tous deux enseignants, et qui plus est, catholiques ! Ils symbolisent la réussite sociale, et politique (la Bretagne n'a jamais été autant "politique" qu'aujourd'hui, et "socialiste" !). Excentrée, la région, plus que les autres, avait massivement choisi l'Europe, pour se raccrocher à un avenir. Or, au dernier referendum européen le NON a équilibré le OUI ! Le chômage (et les délocalisations) ont semé le doute. (à suivre)

Aucun commentaire:

Archives du blog