samedi, septembre 16, 2006

LETTRE OUVERTE DE GABRIEL ENKIRI A M. HUSAYN DARWÎCH MAIRE DE AL-NÂKÛRA

Mairie de al-Nâkûra
M. Husayn Darwîch
Liban

Monsieur le Maire,
Je m'adresse à vous, et au conseil municipal que vous dirigez, pour solliciter de votre bienveillance, l'autorisation de venir dans votre ville annoncer officiciellement ma candidature au 1er tour de l'élection présidentielle française qui aura lieu au printemps 2007. Mon père est né à Saint-Jean-d'Acre en 1879, et d'après le défunt Patriarche maronite Paul-Pierre Méouchi, notre nom de famille - Enkiri- viendrait d'al-Nâkûra, cette cité dont vous êtes le Maire. Selon lui, ou plus exactement, selon sa grand-mère, les Enkiri étaient des Méouchi (du djebel Méouch) partis en Terre sainte, à al-Nâkûra il y a très longtemps. Pour les distinguer de ceux restés dans la montagne, on disait "ceux d'an-nachoura" qui a fait au pluriel an-nachouri puis enkiri, sur les registres des Pères qui tenaient l'état-civil. "Vous voyez, nous sommes parents, m'a affirmé le Patriarche, et je suis heureux d'accueillir au Liban un parent breton !" (Ma mère est née, en effet, au coeur de la Bretagne). Devant ma surprise, il me précisa "qu'il tenait cette information de sa grand-mère... qui ne racontait pas d'histoires !"
Lorsque mon père est venu en France, en 1900, il avait tout juste vingt ans. Comme tous les jeunes gens de son pays d'origine, il espérait beaucoup de ce nouveau siècle, le XXe, qui serait "celui du progrès, de la liberté et de l'émancipation des peuples". Hélas, ce siècle fut le pire de l'histoire de l'humanité, où toutes les promesses furent foulées aux pieds par des puissances impérialistes, dont la nôtre, cette chère France que j'aime tant, et à laquelle je suis fier d'appartenir. Pour les peuples de l'Empire ottoman, 1918 fut une année catastrophique puisque l'Angleterre et la France se partagèrent les dépouilles de l'Empire, sans tenir aucun compte des aspirations populaires. Plus grave encore, par l'entremise de son mandat sur la Palestine, l'Angleterre introduisit le sionisme dans la région qui se révéla être une entreprise funeste, comme je le démontre dans mon dernier livre qui a pour titre précisément "Israël un projet funeste". Et ça n'est pas vous, Libanais et Palestiniens, dont le sort est désormais lié, qui direz le contraire, surtout après ce mois de juillet réellement funeste pour vos deux peuples. En 1945, à Yalta, les Américains et les "soviétiques" alliés des sionistes supplantèrent l'Europe, et de leur complicité naquit cet Etat qui, depuis, passe son temps à faire la guerre, non seulement à ses voisins, mais à son propre peuple : celui de Palestine où tant de familles furent spoliées, opprimées, ou contraintes à l'exil, y compris dans leur propre pays ! Au point que l'on peut maintenant craindre pour eux la "solution finale" qui fut imposée aux peuples d'Amérique du Nord par des colons avides de terres et de conquêtes.
Nous voici au bord de la 3e guerre mondiale (en réalité les trois guerres mondiales n'ont font qu'une car elle a commencé à la fin du 19e siècle, générée par la rivalité anglo-allemande que les sionistes exploitèrent sans vergogne). Il est plus que temps d'arrêter cet engrenage mortel. Voilà pourquoi je souhaite me rendre à al-Nâkûra pour y lancer un appel au monde entier, et d'abord aux quatre diasporas dont l'action et l'engagement peuvent être déterminantes : la diaspora libanaise, la diaspora palestinienne, la diaspora juive et la diaspora francophone. A elles quatre, elles peuvent imposer ce que j'appelle la Conférence du Siècle qui doit se tenir à Beyrouth, et qui aura pour mission de régler définitivement le "problème" israélo-arabe. Dès l'ouverture de la Conférence, les participants devront condamner solennellement l'impérialisme des grandes puissances qui se matérialisa par des Traités iniques (ceux de San Remo en 1918 et de Yalta en 1945). Ce préalable est nécessaire à la réussite d'une Conférence dont la conclusion heureuse préludera à l'instauration d'un monde pacifique autour de Notre Mer dans le cadre d'une coopération économique que nous devrons consolider et pérenniser par la création d'un Marché Commun Méditerranéen. D'autres projets figurent dans ma programmation (que je nomme les Sept projets de la Sagesse) mais celui-ci - faire la paix au Proche-orient, avant qu'il ne soit trop tard - est bien évidemment prioritaire.
C'est pourquoi, monsieur le maire, je vous demande instamment de faciliter ma venue à al-Nâkûra, d'où je souhaite lancer mon appel en souvenir de mon père, et en hommage au Patriarche Paul-Pierre Méouchi, dont l'action en faveur d'un Liban libre et souverain, fut appréciée, je le sais, par tous les Libanais. Dans ce moment crucial où le Liban tente de recouvrer sa souveraineté sur l'intégralité de son territoire, vous aurez à coeur, je n'en doute pas, d'affirmer la vôtre sur une commune où réside le QG de la force d'interposition internationale.
Dans l'attente de votre réponse, que j'espère bien évidemment favorable, je vous prie d'agréer monsieur le maire l'expression de toute ma sympathie et de mon entière solidarité avec vos administrés qui rêvent, comme nous tous, d'une paix retrouvée à l'issue d'une vaste négociation enfin décisive qui fera de votre pays le Siège d'une coopération internationale pacifiée, plus juste, et plus démocratique.
Gabriel Enkiri, candidat au 1er tour de la Présidentielle française en 2007.
Paris, le 16 septembre 2006

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