samedi, août 18, 2007

Fw: RJLIBAN - Interview de Gabriel Enkiri - L'immigration, une chance pour la France

 
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From: rjliban
Sent: Friday, August 17, 2007 6:52 PM
Subject: RJLIBAN - Interview de Gabriel Enkiri - L'immigration, une chance pour la France

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MON QUINTUPLE PROJET POUR LA SEINE-SAINT-DENIS ET LA CAPITALE
 
L'immigration, une chance pour la France                                                  
 

par GABRIEL ENKIRI, écrivain et journaliste

 

       

RJLiban - Pourquoi vous intéressez-vous à la Seine-Saint-Denis, vous qui êtes d'origine bretonne-libanaise ?

G. Enkiri - Saint-Denis est une grande ville «bretonne» (son maire est d'ailleurs d'origine bretonne) depuis la grande émigration du siècle dernier. Tous les Bretons de Paris y sont attachés. C'est ainsi que ma mère a rencontré dans la capitale, un autre immigré, mon père, un jeune maronite venu de Saint-Jean-d'Acre en 1900 qu'un couple de notables parisiens a pris sous son aile ! L'Empire ottoman était en crise, et les jeunes qui venaient de Syrie, province de l'Empire, rêvaient d'indépendance. A Paris et à Londres, ils étaient très actifs. Lorsque la guerre a éclaté en 1914, mon père a demandé la nationalité française pour pouvoir s'engager dans l'armée française. Il fut évidemment très déçu en 1918 lorsque les grandes puissances se partagèrent les dépouilles de l'Empire ottoman. Il m'est difficile d'en parler car je ne l'ai pas connu. En Bretagne comme à Paris, j'ai toujours été un militant politique, gaulliste puis communiste, et syndical, à la CGT puis à la CFDT. En fait, je suis resté «gaullien». De Gaulle avait pris la place de mon père !

Nous voici confrontés en France à un problème sans précédent : un département de la proche banlieue parisienne fait dissidence, au point que ce département qui porte le numéro 93 est devenu le «neuf-trois», une sorte de «territoire» adossé à la capitale… qui l'ignore ! Et pourtant, chose incroyable, le Stade de France se trouve sur ce «territoire» ; le métro nous y conduit directement ; la Basilique de Saint-Denis, «capitale» du territoire, abrite les tombeaux des Rois qui ont fait la France ! C'est donc un «territoire» chargé d'histoire. Et qui peut motiver une «reconstruction» englobant cette fois les immigrés de l'outre-mer ! L'idée m'en est venue en 1998 lorsque l'équipe de France de football, composée d'Africains, d'Antillais, de Maghrébins, remporta la Coupe du monde. Déjà, les banlieues s'agitaient, à Lyon, à Mantes la Jolie… J'ai pensé que le sport pouvait être un formidable moyen d'intégration, qu'il fallait leur donner un club basé dans le prestigieux Stade de France, un club qui serait une vaste entreprise, que j'ai appelé COP (Cercle Olympique Physique) afin de faire COPAINS, qui aurait son journal, sa télévision, son site internet, sa radio, sa compagnie aérienne à bas coûts, son Agence de voyages, sa chaîne de magasins, etc. Une entreprise qui générerait de nombreux emplois. J'ai écrit à Marie-George Buffet, qui était alors Ministre des Sports et de la jeunesse dans le gouvernement Jospin. Elle m'a répondu que ce projet venait à son heure, mais que le Stade de France étant propriété privée, je devais m'adresser à ses dirigeants. Ce que je fis, mais le Consortium cherchait alors comme club résident, non pas un club à construire mais un club existant, et ils avaient espoir de convaincre le Paris-Saint-Germain d'abandonner le Parc des Princes pour venir au Stade de France ! L'affaire a traîné, les dirigeants du PSG ont fini par renoncer de peur de perdre leur public habitué au Parc situé dans l'ouest parisien. J'ai donc remisé le projet dans mon tiroir… jusqu'aux élections municipales de 2001 ! Philippe Séguin, un passionné de football, était candidat à la Mairie de Paris, dans son équipe se trouvait Henri Guaino, un «gaulliste de gauche». Les choses se présentaient bien. Hélas ! La «droite» parisienne s'est déchirée entre deux clans : les séguinistes et les tiberistes (J.Tiberi ayant hérité de la Mairie lors de l'élection présidentielle de JacquesChirac). Ce fut un désastre, qui profita bien entendu à Bertrand Delanoë, le candidat du parti «socialiste».

En 2002, il y eut le «coup de tonnerre» : Le Pen qualifié pour la finale de la Présidentielle ! La crise sociale s'aggravait. J'ai donc relancé Jacques Chirac réélu avec 80% des voix. J'ai rajouté au Club omnisports une «cité internationale francophone», sur le modèle de l'Exposition Universelle, chaque pays francophone y construisant son pavillon, la Cité (que j'appelle «Jules Verne») étant bien sûr installée en Seine-Saint-Denis, au Bourget où se trouve le Salon de l'Aviation. Mais le quinquennat de Jacques Chirac, s'il s'est illustré par son opposition à l'expédition anglo-américaine en Irak, n'a pas brillé sur le «front» intérieur. Tout comme Mitterrand, Jacques Chirac est resté impuissant devant le problème social. Il avait pourtant bien analysé en1995 (où est-ce déjà Henri Guaino ?) ce qu'il a appelé la «fracture sociale».Sans doute le problème n'est pas simple ! Mais, à coup sûr, l'imagination n'était pas au pouvoir ! Et nous avons connu, en novembre-décembre 2005 une véritable explosion dans les banlieues, une sorte d'intifada, sans objectif, sans aucune revendication… Un avertissement pour nos dirigeants. J'ai immédiatement relancé mon «double» projet qui s'était encore grossi d'un 3evolet : une Université internationale francophone, à Saint-Denis, spécialisée dans la recherche et l'étude des civilisations des peuples ex-colonisés d'Afrique, d'Asie et d'Amérique ! Compte tenu de la gravité de la situation devenue insaisissable, j'ai obtenu des réponses favorables d'à peu près tout le monde. J'ai cru que cette fois le projet allait démarrer… C'était compter sans les rivalités intra-gouvernementales, et notamment celle opposant le Ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, au Premier Ministre Dominique de Villepin, tous deux futurs «candidats» à la Présidentielle de 2007 ! Impossible d'entreprendre quoi que ce soit dans ces conditions… Je n'ai pas insisté. Mieux valait attendre ! Et cette fois, le gouvernement a retrouvé sa cohésion, le Président Nicolas Sarkozy a visiblement envie de «faire», il a tous les atouts en mains et mon projet s'est encore enrichi puisqu'il a pour ambition de fonder de Nouveaux Etats-Unis Francophones, un ensemble aux structures très souples afin de réunir toute la francophonie dispersée à travers le monde. Cet ensemble viendra conforter et compléter l'union économique méditerranéenne, que j'appelle tout simplement un Marché Commun méditerranéen (MCM), qu'envisage de fonder le nouveau Président de la République.

RJLiban - Concrètement, comment comptez-vous démarrer cette entreprise pour le moins ambitieuse ?

G. Enkiri - J'attends beaucoup de Roselyne Bachelot, nouveau Ministre de la Santé, des Sports et de la Jeunesse, qui devrait pouvoir faire mieux que Marie-George Buffet. Nous ne sommes plus au temps de la cohabitation ; le gouvernement de François Fillon est homogène, et le Président Nicolas Sarkozy a envie d'agir et vite. Il se trouve que la capitale, qui va s'agrandir, a besoin d'apaiser une banlieue qui se désespère en lui apportant un avenir. Des mesures de police n'y suffiront pas. D'autre part, l'Ouest de Paris est toujours privilégié par rapport à l'Est. Nicolas Sarkozy, qui est un élu de Neuilly, le sait fort bien. Il faut donc équilibrer le rapport est-ouest en transformant le «neuf-trois» en un véritable centre de développement économique et culturel. Mes projets ont l'immense mérite d'intéresser les jeunes ; ce sont eux qui vont dynamiser le nord-est de la capitale, et par là-même toute la banlieue ! Plusieurs Ministères sont concernés, et je ne comprendrais pas qu'ils s'en désintéressent. Les municipales de l'an prochain vont permettre d'associer Paris et la Région Ile-de-France dans un «Grand Paris». Le schéma directeur est en discussion. Cette re-fondation nous concerne tous, et d'abord la jeunesse des banlieues. Mais le COP peut être créé dès maintenant et il deviendrait vite le grand club que la capitale attend, avec une équipe de football prestigieuse, soutenue par un vaste public populaire, ce public qui fait justement défaut au PSG…

RJLiban - Qu'est-ce que les Francophones de l'extérieur peuvent attendre de cette vaste entreprise ?

G. Enkiri - J'ai toujours pensé que la francophonie ne serait prise en charge par les Français que lorsqu'elle deviendrait politique. Vous savez qu'au Canada et ailleurs, ils disent que les Français s'en foutent… de la francophonie ! C'est pourquoi je comprends aujourd'hui Bernard Stasi lorsqu'il disait que les immigrés seraient une «chance pour la France». Ce sont eux, en effet, qui nous obligent à nous tourner vers le monde, en le reconstruisant, et je n'hésite pas à dire que le «neuf-trois», à condition bien entendu que les politiques saisissent cette chance, peut nous conduire vers une «citoyenneté francophone» planétaire ! Nous deviendrions ainsi, nous les Francophones, les premiers «citoyens du monde» ! Cela devrait réjouir les Libanais qui rêvent, eux aussi, de conférer une citoyenneté «libanaise» à tous les Libanais expatriés à travers le monde ! Nous devons avoir tous, en ce 21esiècle, une «conscience planétaire», les «franciliens» comme les autres ! Je ne doute pas que le Liban, aujourd'hui menacé dans son existence même, tout comme le Québec, tout comme la Wallonie, seront bientôt très présents dans le «neuf-trois», capitale des Etats-Unis Francophones ! En poursuivant ce combat, j'ai le sentiment de rester fidèle à celui que mon père mena à Paris, lorsqu'il arriva de Marseille où il avait débarqué en 1900, en provenance de Saint-Jean-d'Acre…

 

Gabriel Enkiri

 

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