mardi, février 19, 2008

CHAPLIN, LES ROSENBERG, L'APPEL DU 14 FÉVRIER ... ET LA SHOA ! (3)

De toute évidence, à la Libération, on ne parlait pas de la shoa ! Avec mon oncle, Marcel Tisserant, je me rendais à la gare de l'Est (ou du Nord) pour accueillir les déportés qui rentraient, souvent avec leur "pyjama rayé". On les conduisait à l'Hôtel Lutétia pour leur remettre des vêtements et des papiers. Personne n'a jamais dit :" les Juifs d'un côté, les non-Juifs de l'autre". Tous étaient accueillis indistinctement. Je l'ai déjà dit : sous l'Occupation, nous avions été dénoncés comme "juifs" en Bretagne, chez nous à Hennebont. Je ne l'ai su que bien plus tard, lorsqu'à la mort de ma mère en 1981, mon frère, plus âgé que moi, m'en fit la confidence. Je me suis alors rappelé son affolement lorsque les gendarmes vinrent à la maison (la gestapo logeait en face de chez nous). Mais ma mère étant bretonne "pure jus", la maréchaussée dut classer l'affaire. Avec le recul, je me rends compte que le "phénomène juif" nous a marqués, personnellement, ou collectivement, souvent à l'insu de notre plein gré ! Et qu'il est inséparable d'un autre "phénomène" : le communisme et son parti, le PCF, qui joua un rôle considérable dans notre histoire. En effet, c'est au sein du parti communiste français que j'ai découvert "le monde juif". C'est donc en 1953, lorsque j'y ai adhéré (à Paris). Dans ma cellule (bourgeoise) il y avait un nombre considérable de Juifs, d'ailleurs fort sympathiques. Paradoxalement, ça n'est pas l'exécution des époux Rosenberg (en juin 1953) aux États-Unis qui me révéla leur identité juive. Car pour nous tous, et pour le secrétaire de la cellule, les Rosenberg étaient des "militants communistes" lâchement assassinés par l'impérialisme américain. Personne ne précisa qu'ils étaient "juifs". Comme j'ignorais alors "ce que c'était qu'un juif", pour moi Ethel et Julius Rosenberg étaient bien des militants communistes. Point barre. Il régnait dans la cellule une sorte d'abattement, que je comprends mieux avec le recul. Car enfin, celui qui avait laissé exécuter ces deux Juifs le 17 juin 1953, n'était autre que le Maréchal Eisenhower, Président des États-Unis d'Amérique, et ancien général en chef des Armées alliées contre l'Allemagne nazie ! Dur, dur. Et de quoi étaient accusés ces deux Juifs américains ? D'avoir trahi les USA, en fournissant les plans de la bombe atomique aux soviétiques ! Cela rappelait l'Affaire Dreyfus ! Et plus grave encore : l'accusation de trahison proférée à leur encontre par les Allemands en 1918 ! Or, pour de nombreux Juifs, les États-Unis d'Amérique étaient devenus leur nouvelle patrie, en pleine expansion (comme l'avait été l'Allemagne au début du siècle), et il ne pouvait être question de s'en laisser expulser ! Miraculeusement, si j'ose dire, Staline, le "génial" Père des Peuples, l'infaillible Grand Prêtre, dont la statue de "libérateur" avait été sculptée par d'innombrables laudateurs de la diaspora, cassait sa pipe le 5 mars au matin, dans sa datcha surveillée par les sbires de Beria. C'est bien l'année 53 qui marque le tournant du siècle : les Juifs vont liquider l'URSS, le communisme, pour rejoindre massivement les États-Unis d'Amérique. L'année suivante, en 1954, un Juif ukrainien, Illya Ehrenbourg, le "ministre de la propagande" du régime soviétique, publiait à Moscou Le Dégel salué dans toute la presse occidentale comme l'annonciateur d'une nouvelle ère : c'était, en réalité, le début de la fin du "communisme" ! (à suivre)

Aucun commentaire:

Archives du blog