samedi, mars 29, 2008

MAI 68 L'ANALYSE DE GABRIEL ENKIRI (post-scriptum) 2

La "commémoration" de Mai 68, quarante ans plus tard, confirme que bien peu de gens ont compris l'événement. Les "historiens" hexagonaux, de "droite" comme de "gauche", s'obstinent à "à ne pas voir" les faits. Leur aveuglement les conduit à se répandre en propos abscons ou nébuleux. Sans doute sont-ils limités par leur ego nombriliste germano-pratin. Il leur suffirait pourtant de prendre connaissance de l'extraordinaire "prophétie" de Neguib Azoury, ce maronite venu de la "Syrie du Sud", qui n'a pas échappé à Jacques Derogy, ce grand journaliste de l'Express, et qu'il rapporte dans son livre "Le siècle d'Israël" : "ces deux mouvements (le nationalisme juif et la renaissance arabe) sont destinés à se combattre jusqu'à ce que l'un l'emporte sur l'autre... Les deux peuples représentent deux principes contradictoires, et N. Azoury avertit - en 1905 ! - que "le sort du monde entier dépend de l'issue de leur lutte" ! Mais qui lit Azoury ? s'interroge Derogy.
Je n'ai rencontré qu'une seule fois Jacques Derogy ! C'était à l'Institut du Monde Arabe, lors de la venue à Paris (en 1989) de Yasser Arafat, au dernier étage dans une cohue indescriptible, je me suis retrouvé à ses côtés, lui-même accompagné de Dominique Bromberger alors à TF1, tandis que retentissaient au dehors sur les quais les cris hostiles d'une manifestation organisée par les adversaires de cette visite à Paris du chef de l'OLP. "On se croirait en Israël... " lui ai-je soufflé non sans ironie. "Mais nous sommes en Israël !" m'a-t-il répondu, le sourire en coin. Il ne croyait pas si bien dire...
Le grand tournant du siècle, je le répète et j'insiste pour que l'on en prenne conscience. J'en fus témoin, en 1953, dans ma cellule du PC à Paris, et quelques mois plus tard à la SNECMA, bouleverard Kellermann. La mort de Staline, en mars, ouvrait une fenêtre sur l'Ouest, mais l'exécution des époux Rosenberg, en juin, aux States, plongea les Juifs dans un accablement profond. L'arrivée au pouvoir en 1954, à Paris, de Pierre Mendès France, suivie de la Conférence de Genève qui mettait fin à la guerre d'Indochine, détendit l'atmosphère. Jusqu'en 1956, le "dégel" s'accentua. Pourtant, en 1956, Nasser triomphant en Égypte, après la nationalisation du canal de Suez, les 3 gouvernements (de Tel Aviv, de Londres et de Paris) décidèrent d'aller renverser Nasser au Caire. L'expédition, commencée le long du canal, fut stoppée, non seulement par Moscou (menaçant d'intervenir) mais surtout par Washington où le Président Eisenhower (celui-là même qui avait laissé électrocuter les Rosenberg en 1953) affirmait son opposition à l'offensive des "alliés". C'était la première fois où un gouvernement américain se retrouvait dans une posture anti-israélienne ! Et ce, à un moment critique dans l'histoire du "jeune État"! En réalité, Washington s'opposait plus à Londres et à Paris (les vieilles puissances coloniales) qu'à Tel Aviv. Les Israéliens en conclurent que, malgré l'aide apportée par la France dans la construction de l'arme nucléaire, la garantie de leur survie serait américaine ! Voilà pourquoi il leur fallait, de toute urgence, recoller avec les États-Unis (en liquidant le "communisme"). La mobilisation prit son essor dans la "chasse aux nazis", et atteignit son apogée par l'organisation du procès Eichmann à Jérusalem, en 1961, fortement médiatisé. Cette formidable "reprise en main", tant à l'Est qu'à l'Ouest, accoucha de la shoah... aux États-Unis, avec la participation des Juifs européens. Si bien que l'on peut affirmer aujourd'hui que la shoah (évocation macabre et réductrice de la 2e guerre mondiale) et Mai 68 sont tous deux d'origine américaine. Jusqu'à quand nos "historiens" fermeront-ils les yeux sur cette évidence ?



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