vendredi, avril 11, 2008

MAI 68, UNE ÉNIGME POUR RENÉ RÉMOND ! (1)

René Rémond, né en 1918 (décédé récemment, en 2007) était considéré, selon son éditeur, comme "le maître incontesté de l'histoire politique contemporaine". Dans son ouvrage intitulé "Notre siècle", en sous-titre : de 1918 à 1991, paru en "livre de poche", initialement chez Fayard, il consacre naturellement un long chapitre à Mai 68. Je ne résiste pas au plaisir de le citer car il justifie amplement les recherches de ceux qui, comme moi, souhaitent enfin "comprendre" les événements qu'ils ont vécus. Par deux fois, cet honnête homme a reconnu son ignorance sur des années difficiles, 1947... et 1968 ! Pour un historien, c'est courageux. Les jeunes historiens, tel Patrick Rotman, devraient s'en inspirer. Mais pourquoi René Rémond reste-t-il dans le brouillard ? C'est un catholique bon teint, respecté par ses pairs... qui reste très prudent. Comment se fait-il, alors que la revue Passages, à l'occasion du 20e anniversaire de Mai 68, organise, en 1988, un colloque qui a pour titre " Mai 68 fut-il une révolution juive" ? qu'il n'en fasse même pas état dans son livre qui paraît en 1991 ? En ce 40e anniversaire, j'aurais aimé lui poser la question ! En tout cas, la revue Passages, qui existe toujours, se garde bien - Sarkozy à l'Élysée - d'organiser en 2008, un colloque sur le même thème : on risquerait d'y voir plus clair encore qu'en 1988 !
Voici donc, en guise d'introduction au grand débat sur Mai 68, l'étonnant constat que René Rémond nous propose au chapitre 27 de son livre sous le titre : 68.
" Au moment d'entreprendre le récit de la crise qui secoua la France au printemps 1968 et qui inscrivit ce millésime dans la liste de ceux dont l'énoncé suffit à évoquer un climat et une situation exceptionnels, l'historien se trouble et s'embarrasse : il a le sentiment de perdre pied en présence d'événements que rien n'annonçait et dont l'irrationnalité déconcerte. Éclate alors avec une soudaineté qui n'a d'égal que la violence et l'ampleur une tempête qui bouleverse le paysage politique et idéologique, paralyse l'activité, ébranle le pouvoir, et fut à deux doigts d'emporter le régime et de ruiner les institutions. Or rien ne laissait pressentir l'imminence de la tourmente : d'ordinaire, quelques grondements souterrains ou quelques fumerolles dans le ciel annoncent le réveil proche d'un volcan. En 1968, rien de tel : tout est calme et repose en paix. (à suivre)

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