jeudi, avril 10, 2008

PATRICK ROTMAN ENCORE UN EFFORT ! (6der)

Le comportement et l'attitude du PC français, en Mai 68, sont parfaitement révélateurs de sa "prescience" : pour lui le mouvement n'était pas révolutionnaire (il ne pouvait pas l'être puisqu'il n'en était pas l'inspirateur). Et s'il n'en était pas l'inspirateur, le mouvement ne pouvait être dirigé... que contre lui ! En outre, à Moscou, les dirigeants soviétiques comprenaient parfaitement que la chute du Général de Gaulle laisserait la place à un Mitterrand ou à un quelconque partisan de l'alliance atlantique, c'est-à-dire réinstallerait à Paris la IVe République ! Le mouvement ayant démarré chez les étudiants, à Nanterre, Censier ou la Sorbonne, fut aussitôt considéré par les communistes comme un mouvement hostile. Ce sont, en effet, les étudiants communistes, qui avaient été exclus du parti, en 65-66, avec Krivine, Bensaïd et quelques autres, qui en étaient les animateurs. Ceux du 22 mars à Nanterre, avec Cohn-Bendit, ce "juif allemand" (dixit l'Humanité), carrément hostiles au PCF, nourrissaient également leur suspicion, au point que l'on peut se demander aujourd'hui si le PCF n'a pas déclenché, via la CGT alors dirigée par des membres de la direction du parti, le mouvement de grèves (parti de Saint-Nazaire pour remonter rapidement vers la capitale, via Renault-Flins et Billancourt) en vue d'endiguer le mouvement étudiant (qu'il ne contrôlait pas - de même des grèves dites "sauvages", c'est-à-dire hors contrôle des syndicats, y compris de la CGT, s'étaient produites en 1967)... Déjà, en 1947, le PCF, lors de la fameuse grève Renault, déclenchée par des militants trotskistes, fit volte-face... pour l'étendre au pays afin d'en reprendre le contrôle. Stratégie classique au PCF lorsque le mouvement démarrait dans un coin en-dehors de sa sphère d'influence. Je me souviens que, lorsque nous nous rendîmes à Billancourt à la rencontre des ouvriers en grève, le service d'ordre de la CGT nous en empêcha. Toutes les portes de l'immense "forteresse ouvrière" étaient cadenassées ! A coup sûr, "ceux qui venaient de Paris" (des maos, des gauchistes, des trotskistes) étaient des adversaires. Des bagarres éclatèrent. L'ennemi, pour la CGT, c'était bien l'étudiant "gauchiste". Indéniablement, de même que l'on retrouva dans le pays une forte animosité de la province contre la capitale (qui se traduisit par un raz-de-marée pro-gaulliste aux législatives de juin), un antagonisme entre le PCF (à base ouvrière, en province jusqu'en région parisienne) se manifesta contre ces "étudiants" privilégiés, fils de bourgeois, emmenés par des "maoistes" que les militants du PC considéraient (à juste titre) comme des anti-communistes... qui finiraient dans la peau de patrons ! C'est pourquoi l'on évoqua, à ce moment-là, une complicité "objective" entre de Gaulle et le PCF ! Ce qui n'est pas complètement faux, à mes yeux. Des contacts secrets eurent lieu entre le gouvernement (Jacques Chirac, collaborateur du Premier Ministre Georges Pompidou!) et les dirigeants de la CGT (Georges Séguy !). A la demande du Premier Ministre, le patronat fut contraint d'accorder de substantielles hausses de salaires et divers autres avantages. Le travail reprit, et la "disparition" de de Gaulle (à Baden-Baden), puis la dissolution de l'Assemblée prononcée par le Général, fit le reste. Cependant, de Gaulle tombait un an plus tard (en 1969) et le PCF entamait une nouvelle phase de déclin, cette fois définitive. Mai 68 parachève par conséquent la victoire des Anglo-Saxons (on sablait tous les jours le champagne à l'ambassade d'Angleterre, ma raconté un témoin) et à l'ambassade d'Israël, j'imagine que l'on devait savourer tout autant ces moments délicieux. "Mai 68 fut notre revanche contre de Gaulle", a écrit l'un des dirigeants sionistes parisiens. Je ne sais pas si Patrick Rotman nous parle de tout cela dans son film-document (sic). Ne l'ayant pas vu, il m'est difficile d'en parler. Néanmoins, je doute que sa version des événements corresponde à la mienne ! Pourtant, qui sait ?, un juif parisien, qui fut étudiant à la Sorbonne en Mai 68, nous donnera peut-être un jour une version des événements... plus proche de la mienne ? Quarante ans ont passé, les deux forces dominantes sont désormais aux prises avec les masses asiatiques qu'il leur faut intégrer dans "leur monde à eux". D'où cette formidable redistribution des cartes qui agite les places financières, la "crise" n'étant finalement qu'un moyen utilisé pour éliminer des concurrents, et reconstruire des alliances dominantes. Après le Japon, la Chine, le mastodonte, obsède. Pour qui travaillent les agitateurs du Dalaï-Lama ? Ils ne le savent pas eux-mêmes ! Comme nous, nous ne savions pas pour qui "on travaillait" en Mai 68 ! Ce n'est que plus tard, bien plus tard, que l'on s'écrie :" Bon Dieu, mais c'est bien sûr" !

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