lundi, août 11, 2008

KHAZARS ET BERBÈRES (5)

Pour ceux d’Europe de l’Est, ces fameux descendants des Khazars, convertis au judaïsme au 8e siècle, vers 740 par leur roi (Bulan), c’est désormais un fait admis : ce peuple, non-sémite, est originaire du Caucase, et d’origine turque (turcophone). D’ailleurs, tout récemment, j’ai été frappé par la ressemblance qui existe entre les dirigeants israéliens venus de l’Est (ashkénazes), donc descendants des Khazars… avec les dirigeants turcs ! On a vraiment l’impression qu’ils sont cousins ! Je n’y faisais pas attention, comme vous sans doute, mais placez les côte à côte, et vous serez surpris ! Après la disparition de leur Empire, submergé par les Russes d’Ukraine, ils s’intégrèrent dans le vaste monde slave où ils participèrent à l’édification des grandes villes (10e-11e siècles - voir à ce sujet le livre d’Arthur Koestler « la 13e tribu », en livre de poche, et « Histoire des Khazars : la nation juive de Russie et d’Ukraine » de l’Américain Kevin Allan Brook). Quant à ceux que l’on appelle « séfarades » ( ce qui veut dire espagnol), eh bien, aurait dit La Palice, ils viennent d’Espagne (et du Portugal) ! Mais comment sont-ils venus en Espagne ? Avec les musulmans, tout simplement, lors de l’invasion de l’Espagne également au début du 8e siècle, ce qui correspond à la conversion des Khazars à l’autre bout de l’Europe.

Il est évident que les « juifs » d’Afrique du Nord ne sont pas venus de… Palestine ! On ne trouve trace de leur « déplacement » nulle part, ce que souligne Shlomo Sand (qui se définit lui-même comme un « khazar » !). Pour lui, ce sont des Berbères, pour la plupart, convertis avec d’autres tribus autochtones, au judaïsme (comme les Khazars). Mais pourquoi n’ont-ils pas choisi l’islam lors de la conquête arabe ? Shlomo Sand avance l’explication suivante : ils voulaient préserver leur identité (n’oublions pas que les Berbères étaient là avant les Arabes, et qu’ils ont tout naturellement résisté). Nombreux sont ceux qui se sont néanmoins convertis à l’islam, mais d’autres préférèrent adopter le judaïsme. Ils ne pouvaient évidemment pas se rallier au christianisme puisque les Arabes faisaient la guerre aux chrétiens ! Ce fut donc, à mon avis, comme toujours, une question d’argent ! Les musulmans en guerre avaient besoin d’argent, notamment pour préparer la conquête de l’Espagne, armer une flotte capable de franchir le détroit de Gibraltar. Or, les Arabes, venus du Proche-Orient, ne considéraient pas les Juifs comme leurs adversaires, il est même probable qu’il existait entre eux une véritable alliance contre les chrétiens. D’ailleurs, dans l’émirat qu’ils fondèrent en Andalousie, musulmans et juifs ont fort bien coexisté. Déjà, à La Mecque et à Médine, lors de l’apparition de Mahomet, les juifs, qui n’étaient déjà plus très nombreux, ne les considéraient pas comme des ennemis. (Certains théologiens prétendent même que l’islam fut « inspirée » par les Juifs dans le but de contrer les progrès du christianisme dans la région ! Voir à ce sujet (si vous parvenez à les trouver !) les deux volumes du Père Théry, publiés à compte d’auteur « L’islam une entreprise juive ». Somme toute, l’Église romaine n’a-t-elle pas fait la même chose en recrutant le « barbare » Clovis pour lutter contre la dissidence arianiste lorsqu’elle fut sur le point de l’emporter ?). Les choses se gâtèrent entre eux lorsque ceux de Jérusalem refusèrent à Mahomet le titre de « messie » qu’il sollicitait des Grands Prêtres. La conquête arabe ne se déclencha réellement qu’après la mort du Prophète (632), sous Omar (le 2e calife – 634/644). Quant à l’Andalousie, elle ne fut conquise qu’au 8e siècle, nous l’avons dit (émirat de Cordoue fondé en 756). Il est probable que parmi les envahisseurs musulmans, il y avait des « juifs », venus avec eux du Proche-Orient ou d’Égypte, et ceux-là tenaient naturellement le rôle de « financiers ». Ce sont eux qui négociaient les « conversions » au judaïsme car elles étaient payantes. Les non-musulmans payaient un tribut – principale ressource des califes. Si bien que les uns et les autres y trouvèrent un intérêt mutuel : les chefs musulmans percevaient de l’argent, et les Berbères (les plus riches) conservaient leur identité. Cela nous rappelle vraiment les Khazars pris entre deux feux (les chrétiens de Constantinople et les musulmans de Bagdad). Là encore, le judaïsme apparaissait comme une religion liée à l’argent. Les juifs étaient, depuis l’époque égyptienne, des spécialistes des échanges et de la monnaie. Comment pouvaient-ils faire autrement ? S’ils avaient renoncé au « commerce de l’argent », à quoi auraient-ils servi ? Et ce commerce-là assurait leur prospérité, mais également les ennuis quand la situation économique se dégradait, pour une raison ou pour une autre.

Voilà pourquoi il y avait en Afrique du Nord des « juifs » jusque dans les régions les plus reculées de l’Atlas ! Arrivés en Espagne, avec les musulmans, ils en furent chassés avec eux par les Rois Chrétiens lors de la « reconquête ». Leur expulsion eut lieu en 1492 (l’année de la découverte de l’Amérique !), et dans la foulée au Portugal (1496). Ceux qui restèrent se convertirent au christianisme, mais beaucoup firent « semblant », pratiquant le judaïsme chez eux (les marranes). Mais là encore, nombre d‘entre eux devinrent des « collecteurs d’impôts » dans le Royaume chrétien… (à suivre)

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