lundi, août 11, 2008

LE POUVOIR ET L'ARGENT AVAIENT BESOIN DE LA RELIGION (2)

Nous comprenons bien que le Pharaon (appelons-le ainsi – qu’il soit originaire des bords du Nil ou de l’Euphrate), pour assurer son pouvoir, devait contrôler – par la police – ses concurrents ou adversaires, et une fois inventée la monnaie (l’argent) consécutivement à l’accroissement des échanges, devait de la même façon maîtriser celle-ci, sous peine d’être ruiné par la « fausse » monnaie ! Encore aujourd’hui, les États font la chasse, et comment !, aux faux-monnayeurs . C’est pourquoi sur les pièces de l’antiquité figure toujours la gravure du souverain de l’époque ; c’était le meilleur moyen, sinon le seul, de bien montrer au vulgum pecus que cette monnaie appartenait au « roi » ou au « pharaon ». Maître tout-puissant dans son palais, où se dressait le Temple avec son Grand Prêtre, le Pharaon y ajouta le Grand Argentier. Il y a bien, dès l’apparition de la Cité-État un double pouvoir au sommet – religieux et politique – qui va engendrer un conflit quasi-permanent entre le Religieux et le Politique, entre le Grand Prêtre et le Souverain, conflit qui verra bientôt le Souverain se déclarer à la fois Grand Prêtre et Chef d’État, d’où la fusion entre l’État et la Religion, et il nous faudra attendre… 1905 pour qu’en France une loi sépare les deux « puissances » ! Il est vrai que c’est en France, avec Louis XIV que nous connûmes la plus formidable unicité entre la religion et le Roi tout-puissant de droit « divin ». Nous étions là très proches de la période pharaonique (avec les fastes du château de Versailles).

Mais pour gagner les batailles, y compris les batailles politiques, il faut de l’Argent ! Et c’est ainsi que le Grand Argentier devint rapidement l’instrument du Souverain. Le Temple prospéra avec les marchands (du temple) où le Veau d’Or finit par triompher ! Si nous admettons, avec de nombreux historiens, que c’est bien le Pharaon Akhenaton ( Amenophis IV ou Amenhotep IV, époux de Nefertiti - 18e dynastie en Égypte, 1352/1338 avant JC) qui imposa le monothéisme (le Dieu solaire unique), cette innovation fondamentale initia une véritable révolution religieuse, qui fut perçue comme un schisme que le puissant clergé traditionnel de Thèbes combattit résolument. Après avoir tenté une conciliation, Akhenaton abandonna Thèbes pour fonder son propre temple (et sa capitale) à Tell-el-Amarna qu’il baptisa « Akhenaton ».

Depuis l’invasion des Hyksos (vers1720 avant JC), des envahisseurs d’origine asiatique, qui occupèrent la basse Égypte jusqu’en 1550, les rois autour de la Vallée du Nil étaient obsédés par le renforcement des « lieux de passage ». Il suffit de regarder la carte pour voir que le Delta du Nil peut être facilement atteint par ce que l’on appellerait aujourd’hui « la bande de Gaza » ! Bref, c’est bien là qu’il fallait construire un mur (ils en avaient déjà construit un, « le mur du prince », vers 1976 avant JC, pour arrêter les Bédouins). Ou mieux encore : installer sur cet avant-poste des populations « fidélisées » qui interdiraient le « passage » aux nouveaux envahisseurs. (Les Romains firent la même chose le long du limes en y autorisant, monnayant finance, l’installation de populations chargées de défendre les frontières de l’Empire). Il fallait rappeler ce (long) épisode de l’occupation des Hyksos (qui dura tout de même plus d'un siècle et qui laissa un très mauvais souvenir) pour comprendre que ceux de Thèbes (au nord de l’Égypte) qui avaient fini par délivrer le pays de cette occupation cruelle réagirent comme un seul homme, si l’on peut dire, contre celui qui osait les supplanter en se proclamant « Pharaon au-dessus des Pharaons », imposant pour Dieu unique, l’astre solaire dont il affirmait être le représentant dans la Vallée du Nil, cette vallée bénie des Dieux (de Thèbes !). L’Argent, bien sûr, joua un rôle primordial puisqu’il n’y avait plus qu’un seul Dieu (Aton), un seul Temple, et un seul Pharaon – qui ramassait la mise ! (à suivre)


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