dimanche, septembre 07, 2008

QUAND ET COMMENT FUT INVENTÉ LE LOBBY MÉDIATIQUE (1)

Ce qu'il y a de passionnant avec le temps, c'est qu'il nous apporte les réponses aux questions que bien souvent on ne songe même pas à se poser ! Il en fut ainsi de Mai 68. Ceux qui ont lu mon analyse sur ce blog savent maintenant à quoi s'en tenir. Il m'a fallu tout de même une bonne trentaine d'années pour comprendre ce à quoi j'avais moi-même participé, en plein Paris, chez Hachette ! Comment pouvions-nous deviner que le jeune "révolutionnaire" Cohn-Bendit allait devenir ce notable euro-médiatique pontifiant et directif ? Le XXe siècle n'a pas fini de nous étonner. Par chance, mon père l'a vu débuter. A 20 ans, en 1900, il est venu à Paris poursuivre ses études, en provenance de l'Empire ottoman, de Saint-Jean d'Acre très exactement, en Galilée. Cela sentait la fin de l'Empire. Or, depuis 1870, depuis Sedan, et l'abdication de Napoléon III, le nouvelle classe politique française (républicaine, forcément républicaine) avait besoin de compenser la lourde défaite subie devant l'Allemagne, cette nouvelle puissance dont l'acte de naissance avait été proclamé dans la Galerie des Glaces à Versailles. La "politichiennerie" française se retrouva donc adossée à l'impérialisme britannique. Déjà, Napoléon III (contrairement à son oncle !) s'était révélé "anglomaniaque" en raison du spectaculaire développement du capitalisme outre-manche. Le chemin de fer révolutionnait les transports et les communications. Louis Hachette, le célèbre fondateur de ce qui deviendrait bientôt la "pieuvre verte" ramena de l'Exposition Universelle à Londres l'idée des "Bibliothèques de gares", où allait s'illustrer la Comtesse de Ségur, un auteur sacrément perspicace, qui pressentit que le capitalisme allait détruire sa chère Normandie si bien administrée par la Religion (in La fortune de Gaspard, un roman qui a valeur de document sur le passage de la France rurale à la France industrielle). La classe dirigeante français, anti-allemande, passe donc sous la coupe de l'Angleterre, et de la franc-maçonnerie dont la tête est à Londres. Mon père, qui est encore sous l'influence de sa religion "natale" (chrétienne maronite), a adhéré à la franc-maçonnerie, à l'instigation du notable parisien qui l'a quasiment adopté, celui-ci lui ayant expliqué "que s'il veut agir, être efficace et utile pour son pays d'origine, il doit se faire franc-maçon, tous les dirigeants du pays en "étant". Il en ressortira vite écoeuré par l'anti-cléricalisme forcené alors en vigueur dans les Loges. Ce qui est tout à fait remarquable c'est que, sur le plan international, cette période est marquée par le "renversement des alliances", la France et l'Angleterre, adversaires depuis des siècles sur tous les continents, signent l'Entente Cordiale (sic) en 1904, et l'année suivante à l'intérieur, en 1905, par la "séparation de l'Église et de l'État". Ainsi voyons-nous que politique extérieure et politique intérieure sont intimement liées. L'Église "romaine" est autant détestée et combattue à Londres qu'à Paris, et leur alliance se fait anti-germanique.
On l'a dit, le capitalisme a "libéré" les Juifs. Mais pas n'importe quel capitalisme ! En Angleterre, le capitalisme est d'abord familial. Il est donc interdit aux Juifs (qui sont d'ailleurs peu nombreux outre-manche). Les Juifs vont s'illustrer dans le commerce international, et dans tout ce qui relève de la "communication", inévitablement internationale ! Les grands chantiers multi-nationaux du 19e siècle , chemins de fer, radio, agences de presse, transports maritimes et aériens, sont de leur ressort, et elles sont accompagnées par l'essor des banques qui deviennent elles aussi internationales (Rothschild, tant à Londres qu'à Paris, et le fameux baron franco-bavarois Maurice de Hirsch qui édifie son immense fortune avec la construction de chemins de fer partout dans le monde). A Paris, c'est Havas qui fonde son agence de presse (la future AFP), et son adjoint, Reuter, s'en va à Londres, fonder la sienne. Viendront ensuite, le cinéma (américain), la télévision etc. Au début du XXe siècle, la France gouvernementale évolue donc dans le sillage de l'Angleterre... (à suivre)

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