mardi, décembre 06, 2011

HENNEBONT-PARIS (8)

On apprit quelques jours plus tard qu'ils avaient rendu leur carte à la Fédé, certains en pleurant ! Ainsi, rapidement, la géopolitique nous rattrapait, en nous imposant les premières vagues de la marée, non plus atlantique, mais méditerranéenne : Algérie, Maghreb, Égypte... Cette année-là fut en effet marquée par un évènement majeur en Asie, qui marque pour moi le début de la vertigineuse ascension de la Chine : Bandoeng ! La Conférence (en 1955)  réunissait en Indonésie les chefs des pays "neutres" (Nehru, Nasser, Tito, Soekarno...) mais c'est l'arrivée triomphale, à la fin de la Conférence, de Chou en Laï, le ministre des Affaires étrangères de la Chine qui marqua les esprits : la Chine supplantait la Russie post-stalinienne, affichant déjà ses ambitions mondiales.
A Paris, la "pacification" de l'Algérie contraignait le pouvoir à dissoudre l'Assemblée, provoquant des élections anticipées le 2 janvier 1956. Les socialistes, les radicaux et leurs alliés avaient constitué un Front Républicain, excluant les communistes. J'avais formé à la SNECMA un comité réunissant de nombreux jeunes; j'adressai à Pierre Mendès France une lettre, au nom de ce comité, pour lui "demander de réaliser un Front populaire plutôt qu'un Front Républicain"! La réponse nous parvint, "malheureusement" négative ! Nous la distribuâmes, en tract, dans l'entreprise. PMF expliquait que  "le Front Républicain suffisait", sans pour autant être hostile au PCF. Nous avions comme candidat, Bernard Jourd'hui, un ancien métallo, qui avait une tête de boxeur (c'était, en fait, un ancien boxeur amateur !), et qui travaillait à l'AOIP, après avoir été licencié de chez Panhard, pour militantisme. Il fut élu député le 2 janvier 1956, et devint le plus jeune député de l'Assemblée nationale ! Il connaissait une ascension remarquable qui le plaçait à égalité avec Georges Marchais, au sein de la Fédération. On parlait de lui comme d'un futur secrétaire général. Bref, sans que nous le sachions, il était en concurrence avec l'autre métallo de l'Appareil, Georges Marchais !
La victoire électorale du Front Républicain faisait de Pierre Mendès France le favori pour la Présidence du Conseil (à suivre)

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