mardi, décembre 06, 2011

HENNEBONT-PARIS TERMINUS (1)

L'information selon laquelle le groupe parlementaire s'était montré divisé conforta plutôt ceux qui désapprouvaient le vote. C'était bien la première fois que l'on apprenait, à la base, qu'il existait des divergences au sein du parti ! Roger Garaudy, alors membre de la direction du parti, ayant publié un livre au titre "provocateur" La Liberté, je l'achetai, par curiosité et sans doute pour fronder. Garaudy était un intellectuel prestigieux, qui sentait déjà le soufre. J'avais failli faire sa connaissance d'une drôle de manière ! Le dimanche matin, je vendais l'Huma-Dimanche au métro Villiers avec l'autre jeune de la cellule, Pierre Dessuant, et, lorsqu'il nous restait des numéros, nous allions finir de les vendre, avant de rentrer déjeuner, à la sortie de l'Église d'à côté, rue Cardinet ou rue de Tocqueville, je ne sais plus, un peu par provocation, mais parmi les fidèles, il y avait des sympathisants ! L'un d'eux, un curé du nom de Henri Grouès, était devenu célèbre durant l'Hiver 54 sous le nom d'Abbé Pierre; il m'achetait le journal, et un jour, il me proposa de venir à une réunion-débat qu'il organisait l'après-midi dans leur local qui se trouvait dans les parages, du côté de la Porte de Champerret ou de Levallois (je ne sais plus trop bien). Et pour m'allécher, il me dit : " Et tu sais qui vient  conduire les débats ? Un  grand dirigeant de ton parti " ! J'étais  incrédule, je ne voyais pas qui parmi nos dirigeants pouvait assister à une telle réunion ! - Roger Garaudy, me fit-il, amusé et content de m'avoir surpris. Et comme j'ouvrais grand les yeux, il précisa :" C'est un esprit ouvert, et partisan du dialogue avec les chrétiens..." Malgré tout, j'étais trop à ce moment-là en rupture avec l'Église pour avoir envie de participer à ce dialogue-là; le dialogue, pour moi, et qui importait le plus, c'était avec les ouvriers, la "classe ouvrière" comme on disait encore ce temps-là, qu'il fallait l'avoir !
Je fus tout de même un peu surpris lorsque le prof me dit :" Il faut que je t'emmène à la Fédé, Bernard Jourd'hui veut te voir...". Le malheureux, je dis bien malheureux lorsqu'on sait (?) comment il a fini, m'attendait... pour me sermonner :" Te rends-tu compte dans quelle situation tu me mets ? On me dit que tu perturbes l'école avec tes questions ! C'est moi qui t'ai sélectionné. Promets-moi de ne plus troubler le stage, sinon tu arrêtes ! 
Je lui fis la promesse de me tenir à carreau...  (à suivre)

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